Réalisé par Léa TODOROV avec Jasmine Trinca et Leïla Bekhti
« Libérez le potentiel des enfants, et vous transformerez le monde avec lui. » Maria Montessori
Si nous connaissons le nom de Maria Montessori et l’inestimable apport de son travail dans le domaine de l’éducation – bien des pédagogues s’en sont inspirés –, nous en savons finalement assez peu sur les origines de sa « méthode ». Quand on pense à elle, c’est souvent l’image un peu sévère d’une femme d’âge mûr à la chevelure blanche relevée en chignon qui apparaît, pas celle de la femme de trente ans indépendante et éminemment moderne qu’elle était, dans l’Italie du début du XXe siècle, et que nous allons ici découvrir.
Mais faisons d’abord étape à Paris, dans le bouillonnement de la Belle Époque. Lili d’Alengy est une coourtisane, belle, riche et célèbre pour ses atouts autant que pour sa désinvolture. Quand, à la mort de ses parents qui l’élevaient, on ramène à sa porte et à son bon souvenir sa fille de 6 ans, c’est un coup de tonnerre dans son petit univers poudré. Pire encore : une entrave à sa vie de luxe et de légèreté. Car l’enfant n’est pas tout à fait comme les autres : une « idiote », une « imbécile », un être « déficient ». C’est pour Lili non seulement une honte sociale, mais la fin de sa liberté, d’autant que cette petite fille n’est pour elle qu’une inconnue dont elle peine à supporter la simple présence.
Elle décide alors de quitter Paris et d’aller chercher en Italie l’anonymat dont elle a besoin pour gérer cette délicate affaire. C’est là qu’elle fait la connaissance du Docteur Maria Montessori, qui accueille dans un institut spécialisé ces enfants différents dont la société ne sait que faire. C’est à la fois un espace chaleureux où la prise en charge, très innovante, est basée sur le lien social, l’expérimentation, la manipulation d’objets, et un terrain d’étude où Maria œuvre bénévolement derrière le directeur. Dans ce monde scientifique dominé par le savoir masculin, et alors que très peu de femmes accèdent – et à quel prix ! – aux études de médecine, le Docteur Montessori est une pionnière. Elle veut d’ailleurs prochainement présenter à ces messieurs de l’Académie le fruit de son travail et leur montrer que ces enfants sont capables d’apprendre, de s’instruire, de travailler.
La rencontre de ces deux femmes autour de la petite Tina va permettre à chacune de cheminer… L’une vers la découverte de ce qui sera bientôt « sa méthode », l’autre plus simplement au cœur de cette aventure humaine qu’est le lien d’attachement entre une mère et son enfant.
Plongée dans cette approche pédagogique révolutionnaire et visionnaire, La Nouvelle femme(le titre fait référence à cette expression communément utilisée par les historiens pour désigner les femmes féministes, éduquées et indépendantes des années 1900 qui ont réussi à accéder à des carrières universitaires) met en fiction tout ce qui fait la singularité de l’approche Montessori : l’observation de l’enfant, les jeux de manipulation, la recherche du contact physique et du lien, la sécurité affective et la quête d’autonomie.
« J’espère que le film pourra interroger le manque d’ambition de notre société à être plus inclusive. C’est un mouvement déjà entamé pour changer les représentations de ces enfants et adultes. Longtemps invisibilisées, souvent ostracisées, il est temps de donner leur place au cœur de la société aux personnes neuro-atypiques ou porteuses de handicap. » Léa Todorov.
C’est aussi l’occasion de se (re)plonger dans l’oeuvre de cette grande pédagogue qui a révolutionner la vision de l’enfant dans la société en étant à l’écoute de ses besoins et à l’écoute du lien.